Conte : Tout arrive pour le mieux
Il était une fois, un roi. Et comme tous les grands rois, il était entouré de nombreux conseillers.
Il avait pour Premier Ministre un homme plein de sagesse qui répétait toujours :
― Tout arrive pour le mieux.
Ces paroles agaçaient parfois son entourage qui ne comprenait pas toujours ce qu’il voulait dire.
Un jour, en chassant, le roi se coupa accidentellement le petit doigt. Fou de douleur, il retourna au palais tenant sa main blessée. Lorsqu’il fut pansé, le Premier ministre, venu prendre de ses nouvelles, lui dit :
― Sire, ne vous désolez pas pour la perte de votre doigt car tout arrive pour le mieux.
Le roi, déjà de fort mauvaise humeur, devint furieux en entendant ces paroles. Il ordonna à ses gardes de jeter immédiatement le ministre en prison.
Quelques jours plus tard, le roi repartit seul chasser dans la forêt. Ayant lancé son cheval au galop derrière un grand cerf, il se retrouva en territoire ennemi. Un silence lugubre régnait dans la forêt sombre. Seul, par moment, le croassement sinistre d’un corbeau invisible déchirait l’air.
Alors qu’il s’apprêtait à faire demi-tour, le roi fut capturé par des guerriers féroces. Ils décidèrent d’offrir ce prisonnier en sacrifice à leur déesse de la guerre, toujours assoiffée de sang.
Au moment de lui couper la tête, ils remarquèrent qu’il lui manquait un petit doigt : seuls les hommes en parfait état de santé étaient jugés dignes d’être sacrifiés.
Les guerriers rendirent donc sa liberté au roi, qui s’empressa de rentrer chez lui. Le roi se souvint alors des sages paroles du Premier ministre : « Tout arrive pour le mieux »... Il réalisa alors que, s’il ne s’était pas coupé le doigt par mégarde, les guerriers lui auraient assurément tranché la tête.
Il fit relâcher son conseiller et lorsque celui-ci comparut devant lui, le roi lui demanda curieux :
― Si tout arrive pour le mieux, quel bénéfice as-tu obtenu de ta semaine en prison ?
― Sire, répondit le Premier ministre, j’accompagne toujours votre Majesté partout. Si vous ne m’aviez pas fait enfermer, je vous aurais suivi à la chasse et j’aurais été capturé avec vous ! On vous a épargné grâce à votre blessure, mais moi, on m’aurait certainement coupé la tête à votre place. C’est pourquoi, Sire, bien souvent il nous faut regarder au-delà des mésaventures de la vie, et même si elles nous désolent sur le moment, il faut garder confiance, car tout arrive pour le mieux.
FIN !
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